Les inter : coopérations, différences,
contaminations et transversalités
MJC de Villeurbanne, 18 octobre 2022
Profils professionnels des participant·e·s
Présentation de l’atelier
Comment « faire ensemble » ? Les professionnel·le·s des « métiers de la relation », dans la diversité de leurs secteurs d’intervention – animation socio-éducative, enseignement, social, médico-social, médiation culturelle… – évoquent régulièrement l’intérêt de mener des projets permettant le partage des méthodes de travail, le croisement des participants et l’implication de professionnel·le·s issu·e·s de différents horizons. Pour sa part, le RAM−C expérimente depuis une quinzaine d’années le concept de « médiations croisées ». Quels sont les objectifs ? Existe-t-il des préalables ? Peut-on identifier des bonnes pratiques ? Où se situent les difficultés ? L’atelier questionne les enjeux politiques, institutionnels, professionnels soulevés par les pratiques multipartenariales et transdisciplinaires.
Sous-thématique – inter-territorialité / inter-disciplinarité / inter-connexion : le patrimoine, le chant et le spectacle comme prétextes ?
Florilège d’« inter » : interhumain / interconnexion / intergénérationnel / interrelationnel / interculturel / interaction / interdisciplinaire / inter-indisciplinaire / inter-partenarial / inter-institutionnel / intersectoriel / interprofessionnel / intergénérationnel / intercommunal / interdépartemental / interministériel / intergouvernemental / interterritorial / international / intergalactique…
Animation
– Laurent Strippoli, archéologue et responsable médiation / développement culturel au Service archéologique de la Ville de Lyon
Rapporteuse
– Évelyne Louisy, chargée des projets culturels (en recherche d’emploi)
Intervenant·e·s
– Fanny Benhima, médiatrice culturelle à Lugdunum-Musée et théâtres romains ;
– Samy Lamri, animateur culturel et numérique aux centres sociaux Arc-en-ciel de Saint-Fons – Projet « À vous de jouer ! ».
Déroulement de l’atelier
Séquence 1 – Rencontre des participants (20 min.) : constitution de binôme qui doivent en dix minutes se présenter (prénom, structure) et trouver un point commun et une différence.
Séquence 2 – Présentation du projet interdisciplinaire et multi-partenarial « À vous de jouer ! » :
2021-2022 : quatrième saison du projet qui a démarré avec comme partenaire culturel le Service archéologique de la Ville de Lyon.
Partenaires : centres sociaux et culturels Arc-en-ciel de Saint-Fons, Service archéologique de la Ville de Lyon, Lugdunum – Musée et théâtres romains, les Nuits de Fourvière, Opéra national de Lyon
Publics et territoires : apprenants des ateliers socio-linguistiques, habitants du pôle adultes des centres sociaux
Dispositifs facilitateurs : Charte et Déclaration de coopération culturelle de la Ville de Lyon et de la Métropole de Lyon permettant des actions culturelles transversales de droit commun
Objectifs : apprentissage du français, créer du lien, favoriser la citoyenneté par l’ouverture culturelle
Éléments de bilan
– les « + » : interdisciplinarité en bonne intelligence entre partenaires aux statuts différents ; coordination portée par un individu ; transversalité et autonomie des intervenants ; décentrage ; décloisonnement ; valorisation et apports mutuels ; forte adhésion des habitants ; mise en action ; dialogue interculturel ; mixité sociale et intergénérationnelle ; mobilité physique et intellectuelle.
Séquence 3 – Remue-méninges
4 groupes – 4 tables – 4 questions
4 x 15 min. : temps 1 : remue-méninges ; temps 2 : classement des idées ; temps 3 : extraction de questions par thématiques / domaines ; temps 4 : définition d’une question / problématique.
Quelques questionnements
Esthétique/discipline : interdisciplinarité : confusion ou curiosité ?
Arts et culture : prétextes à la curiosité, prétexte pour que les gens se donnent le choix.
Poids / contrepoids (projets inter-esthétiques) (peut effrayer)
Capter l’intérêt des gens ou n’est-ce pas trop ? Curiosité / confusion
Partenariat : comment créer le consensus dans un projet interpartenarial ?
Synergie ; leviers / conditions ; composition ; objectifs et consensus
Lieu : comment un projet culturel favorise-t-il les mobilités ? Sous-entendu : quelles mobilités (physique, intellectuelle, sociale) ?
Relations : se décentrer pour mieux partager / se contaminer ? Entre habitants ; entre professionnels (points de vue) / artistes / scientifiques. Se décentrer : sortir de sa zone de confort
Synthèse des deux demi-journées
Comment la recherche de sens et de plaisir professionnel permet-elle le consensus entre les partenaires dans les projets collectifs ?
Déconstruire et rassurer : monter un projet culturel… un risque à prendre, un (dés)équilibre à trouver pour se mettre en mouvement afin de créer du vivant ?
Entre expériences individuelles et collectives, en quoi la médiation permet-elle la transformation d’un soi à un soi contaminé ?
Pourquoi faire le choix de l’interdisciplinarité ?
Comment mettre en œuvre un projet interdisciplinaire et porteur de sens, de mouvement et d’engagement ?
Pour qu’un projet culturel puisse favoriser les mobilités (géo/sociaux/intellectuels) il faut réunir certaines conditions :
– un accompagnement qui crée un environnement sécurisé que permet la mise en partage des connaissances et des compétences ;
– mixer l’origine des publics.
Un questionnement dans un espace commun de confiance mène à la conscientisation d’une contamination permanente
Interdisciplinarité / inter-esthétiques : un levier indispensable pour construire la place de chacun
Comment, à travers la création, construire un partenariat permettant l’expérimentation et la découverte ?
– Les deux questions retenues en vue de la mise en discussion du 19 octobre 2023
Proposition de synthèse des animateurs de l’atelier :
Créer le (dés)équilibre pour une transformation individuelle et collective
Proposition unanime du deuxième groupe :
Les inter : faire ensemble et se questionner dans un espace commun de confiance mènent à la prise de conscience (conscientisation ?) d’une contamination permanente.
– Quelques ressources
– Texte de Marie Évreux et Laurent Strippoli rédigé en vue du colloque (2022)
« Nous proposons la notion de contamination pour définir ce que sont les inter, exposer comment ils se créent, ce qu’ils permettent et comment ils restent marginalisés dans nos milieux professionnels. L’idée de contamination vient d’une métaphore issue du vivant, les propriétés du lichen, et la symbiose dont il est le fruit : “Les lichens sont des organismes composites qui associent plantes et mycètes en un partenariat mutuellement bénéfique appelé symbiose. Signifiant d’abord la vie en commun d’organismes différents, on définit aujourd’hui la symbiose comme une association physique durable au cours de la vie de deux organismes qui en tirent un bénéfice mutuel. En plus de la mise en commun de leurs capacités respectives, [la] coopération entre organismes permet de créer de nouvelles capacités”. Les lichens sont capables de survivre dans des environnements hostiles, froids, chauds ou même toxiques.
Les symbioses proposent une revalorisation de l’infection. Les infections ne sont pas seulement pathogènes, elles sont créatrices. Nous nous co-constituons par infections inter/intra-espèces, par contaminations trans-espèces. Nous pourrions rajouter que nous nous co-constituons par infection inter / intra-sectoriel, par contamination trans-professionnelle par exemple… ».
– Besson (Raphaël), « La coopération, un enjeu ancré dans l’évolution des politiques culturelles », in : De la coopération culturelle à la culture de la coopération (Montpellier, Laboratoire d’usages culture(s) – arts – société (LUCAS), avril 2021, 8 pages.
https://www.arts-vivants-departements.fr/partage/LUCAS2021-SYNTH.pdf