la personne au centre... avec ses compétences linguistiques

Le Rize, Villeurbanne, 18 octobre 2022

Profils professionnels des participant·e·s
Education populaire
18%
Culture
44%
Etudiant·e·s
8%
Social et médico-social
30%

Présentation de l’atelier

Au départ, un postulat : tout être humain est un « animal parlant » doué de la compétence linguistique. Dès lors, que peuvent signifier les expressions placées au cœur du colloque, telles que « l’humain… au beau milieu » ou « la participation de toutes et tous à la vie culturelle » ?

Dans le domaine linguistique en particulier, qu’est-ce que change la volonté de placer « la personne au centre » ? Quelles sont les conditions nécessaires pour que cette formule ne soit pas qu’un vœu pieux ? Quels sont les éléments susceptibles de faciliter la prise en compte de la compétence linguistique dans un projet culturel ? Où sont les points de vigilance face aux risques et aux dérives éventuels ? Telles étaient les questions que se sont posées les participants à cet atelier.

Animation

– Michel Kneubühler, consultant en politiques culturelles
– Jérôme Triaud, directeur de L’Atelier Léonard-de-Vinci (Médiathèque-Maison de quartier) à Vaulx-en-Velin (Métropole de Lyon)

Rapporteuse

– Cécile Richard, directrice du Centre de formation des musiciens intervenants (CFMI – Université Lumière-Lyon 2)


Intervenant·e·s

– Lucile Chastre, médiatrice culturelle, à l’origine du projet d’audioguides conçus à Saint-Denis par des apprenants de français langue étrangère ;
– Patrice Vandamme, directeur artistique de la compagnie les ArTpenteurs ;
– Abdelkébir Lachheb (réseau de lecture publique de Vaulx-en-Velin).

Déroulement de l’atelier

Un atelier, deux sessions

Organisées le mardi 18 octobre au Rize (Villeurbanne), les deux sessions, d’une durée de 3h30, l’une le matin, l’autre l’après-midi, ont chacune rassemblé 19 personnes, sans compter les trois intervenants, la rapporteuse et les deux animateurs. Dans la première session, on comptait 8 participants relevant du secteur culturel, 7 du social ou médico-social et 4 du socio-éducatif ; dans la deuxième session, à laquelle se sont adjoints 3 étudiants du master DPACI, le secteur culturel était représenté par 9 participants, le socio-éducatif par 3, le social ou médico-social par 4.

Après un « brise-glace » sous forme de présentations croisées, les deux animateurs ont présenté la méthode d’intelligence collective retenue, en l’occurrence celle des « 6 chapeaux » mise au point par le psychologue maltais Edward de Bono (1933-2021) : lors de six séquences qui se suivent, les mêmes projets sont analysés sous des prismes différents, neutralité / critique positive / critique négative / émotions / créativité / synthèse (organisation de la pensée).

Lors de la première séquence (chapeau blanc), les participants ont été invités à prendre successivement connaissance, grâce aux intervenants présents, des deux projets choisis comme supports à la réflexion, tous deux mettant en jeu la compétence linguistique de personnes issues d’autres univers culturels et linguistiques :

« Six chapeaux » pour analyser et (tenter de) comprendre ce qui se joue

Cette première séquence (2 x 15 minutes) a été suivie de quatre autres, qui ont principalement fait émerger les mots-clés suivants :

  • critique positive (chapeau jaune) : valorisation des personnes, égale dignité, partage, faire commun, ressource, mise en mouvement, participation, confiance, cohésion, (re)connaissance réciproque, diversité… ;
  • critique négative (chapeau noir) : stigmatisation, décalage, projet ponctuel versus inscription dans la durée, temporalités hétérogènes, mise en difficulté, risque d’instrumentalisation ou d’assignation… ;
  • émotions (chapeau rouge) : plaisir, estime de soi, réconciliation avec le « soi » intime, mais aussi honte, malaise, peur « de ne pas y arriver »… ;
  • créativité (chapeau vert) : ateliers d’expression, accompagnement musical, liens avec les équipements culturels, pratiques artistiques, interdisciplinarité, transversalité, formation des professionnels, implication des personnes dans la conception et la gestion du projet…

Synthèse des deux demi-journées

D’où, en forme de synthèse (chapeau bleu), les questions suivantes destinées, conformément à la « commande » des organisateurs du colloque, à être posées, le lendemain matin, aux différents « discutants » sollicités :

  • à quelles conditions la participation à un projet linguistique et artistique peut-elle valoriser et reconnaître la personne tout en lui permettant d’enrichir et de partager ses références culturelles ?
  • comment faire pour que les émotions qu’engendre le projet linguistique aient des effets positifs en termes de dynamique personnelle et collective ?
  • comment, dans une perspective de transformation sociale, inscrire le fait linguistique au sein des politiques publiques de la culture comme au sein du projet de l’établissement ou de l’association ?
 
Au-delà de ces questions, d’autres ont également été posées :
 
  • comment articuler le temps des personnes, de l’institution, du politique ?
  • comment prendre en compte les attentes spécifiques des personnes allophones sans les stigmatiser ?
  • comment faire pour que la participation à un projet linguistique et artistique permette à la personne de valoriser ses propres références culturelles, mais aussi de s’ouvrir à d’autres ?
  • comment faciliter l’appropriation des langues par la pratique artistique ?
  • placer « la personne au centre » signifie-t-il qu’il faut en finir avec l’autonomie de l’art ?