La formation : un temps de rencontres et de croisements
Musée des Beaux-Arts de Lyon, 18 octobre 2022
Profils professionnels des participant·e·s
- Acteurs de l’éducation populaire : animateurs socio-éducatifs, responsables de structures d’animation, membres de structures d’éducation populaire ;
- acteurs culturels : médiateurs, personnels de compagnie de théâtre ; étudiants ;
- cadres de santé ;
- personnels de l’Éducation nationale ;
- personnels municipaux ;
- personnel DRAC ;
- personne en recherche d’emploi ;
- élu de la Ville de Lyon
Présentation de l’atelier
La formation, un temps de rencontres et de croisements ? S’interroger collectivement autour des besoins et attentes en formation des différents professionnels concernés par la médiation culturelle (animateurs, médiateurs culturels, artistes, intervenants dans le champ du médico-social, enseignants). À partir d’une expérience artistique vécue collectivement dans le cadre de l’atelier, interroger les ressentis des participants, faire des liens avec leurs pratiques et travailler ensuite autour des types de formation à imaginer.
– Véronique Gay, médiatrice culturelle, musée des Beaux-Arts, Lyon
– Véronique Ferrachat, artiste lyrique (matin)
– Catherine Séon, artiste lyrique (après-midi)
Déroulement de l’atelier
Séquence 1 (matin et après-midi) – Accueil, échange autour du lieu où se tient l’atelier, présentation de la demi-journée et des participants
Séquence 2 (matin) – Temps de pratique en salle : face à un tableau de Pierre de Cortone (1596-1669) mettant en scène notamment César et Cléopâtre, expérience (du type de celles utilisées en formation croisée) proposée au groupe autour d’œuvres (plastiques et chantées) ; découverte de l’œuvre de Pierre de Cortone avec Véronique Gay ; échauffement vocal avec Véronique Ferrachat ; mise en avant de notions évoquées dans le tableau : pouvoir, amour, trahison, humiliation, relations femmes / hommes… ; travail par groupes (accompagné par Véronique Farrachat) autour d’un mot, d’une notion à essayer de mettre en voix, puis retour en grand groupe permettant de découvrir les différentes créations et de s’exercer à la pratique (toujours avec Véronique Ferrachat)
Séquence 2 (après-midi) – Temps de pratique en salle : face à un tableau de Pierre de Cortone (1596-1669) mettant en scène notamment César et Cléopâtre, expérience (du type de celles utilisées en formation croisée) proposée au groupe autour d’œuvres (plastiques et chantées) ; découverte de l’œuvre de Pierre de Cortone avec Véronique Gay ; échauffement vocal et corporel avec Catherine Séon ; diffusion de deux morceaux de musique, d’une part, « V’adoro pupille », extrait de Jules César en Égypte, de Georg Friedrich Haendel (1723) – sur le thème de l’amour, Cléopâtre séduit César ; d’autre part, « La mort de Cléopâtre », d’Hector Berlioz (1829, sur un texte de Pierre-Ange Vieillard) – les sentiments de trahison et d’humiliation ressentis par Cléopâtre en miroir des sentiments de sa sœur Arsinoé dans le tableau ; pratique autour d’un chant (L’Hymne à l’amour, Édith Piaf, 1950) sous la direction de Catherine Séon
Séquence 3 (matin et après-midi) – Temps d’analyse et d’échanges autour de la pratique vécue : discussion autour du ressenti de chacun (avec ce qui a pu éventuellement mettre en difficulté certains) : les participants ont-ils pris du plaisir à vivre ce moment ? Que visaient les intervenants qui ont conduit cette expérience ? Analyse collective : quel est l’intérêt de ce type de proposition ? Que peut elle apporter aux différents publics en formation (animateurs, enseignants, médiateurs, artistes, personnels de santé …) ?
Séquence 4 – Réflexion collective sur les points suivants :
- besoins en formation des différentes professions (animateurs, enseignants, médiateurs, artistes, personnels de santé…) : quels sont les besoins en formation de ces différents publics ?
- objectifs, contenus et compétences attendues : quels sont les objectifs des formations à mettre en œuvre ?
- formateurs : quels formateurs, quels intervenants pour conduire ces formations (« formateurs croisés », formations entre pairs, stagiaires et formateurs en alternance…) ?
- types de formations : au regard des différents échanges, quels types de formation pourraient être proposés ?
Synthèse des deux demi-journées
– réactions sur les expériences vécues devant l’œuvre : l’association des deux disciplines artistiques a été très appréciée ; la musique a permis d’éveiller d’autres émotions ; la pratique corporelle a permis de débloquer le corps (la pratique est un des « trois piliers » de l’éducation artistique et culturelle). Le chant a pu troubler, mettre en inconfort, mais cela a été au final bénéfique dans le lien avec la formation et a permis d’éviter une position descendante. Beaucoup ont découvert l’intérêt de la formation croisée de différents acteurs. L’expérience et la bienveillance des intervenants ont permis à chaque participant de se sentir à l’aise dans une salle de musée « classique », alors que, pour certains, il y avait une crainte de ne pas trouver sa place (préjugés sur le musée des Beaux-Arts). Cette expérience a permis de construire un regard ensemble ;
– besoins en formation des différents publics / objectifs : par l’échange en amont, il est important de permettre aux animateurs et aux enseignants d’avoir des clés, afin que ces accompagnateurs des enfants puissent participer activement à tous les types de médiation sans être spécialistes en histoire de l’art. Souvent, ces personnels se sentent eux-mêmes dévalorisés : d’où les mener vers l’observation, leur permettre de mettre des mots, afin d’aider ensuite les enfants à exprimer leurs propres émotions et impressions ; travailler sur leur posture d’accompagnateurs dans les lieux culturels et / ou avec des artistes ; faire comprendre aux encadrants des enfants que dans les lieux culturels, le « travail » est possible sur tous les thèmes ; donner à ces encadrants des occasions de s’approprier ces lieux qui doivent être des « maisons communes ». Il importe de dédramatiser l’accès à l’art et aux œuvres « légitimes » : quand les animateurs et les personnes visitent les lieux avec des médiateurs bienveillants, il y a une « entrée en relation », un « glissement de postures » (de moins en moins dominantes) ; permettre de « réinvestir le corps » a un impact social très fort. Il y a un doute permanent quant aux outils pédagogiques : il existe un vrai besoin de mettre à l’aise les visiteurs, de leur donner envie (la notion de plaisir est fondamentale) ; il convient d’insister sur le fait qu’il n’y a pas de pré-requis (par exemple, quand on est animateur) pour accompagner des publics dans les lieux culturels lorsque l’on travaille avec un médiateur, qu’il faut juste donner envie aux enfants, les inciter à être curieux (en l’étant soi-même) ;
– contenus / formateurs à mobiliser : il est important d’imaginer des formations croisées pour médiateurs et artistes, mais aussi enseignants et animateurs, éducateurs, intervenants du domaine de la santé ; de faire participer dans la mesure du possible des publics à ces formations ; il y a un intérêt à avoir des regards complémentaires sur des œuvres ; il est aussi important, lors de (et à travers) ces formations, de pouvoir apprendre qui est l’autre et apprendre à co-construire. Quant aux contenus, mieux vaut privilégier ceux qui permettent de s’impliquer, de se mettre en situation. Sur la question, d’autre part, de l’interculturel : il est important de tenter de faire disparaître le « ce n’est pas pour moi », de s’appuyer sur les cultures d’origine, de viser à créer du lien, d’apprendre à accompagner et autoriser les émotions des publics. Par ailleurs, comment aborder un public intergénérationnel ? Il faut permettre aux médiateurs (et notamment lorsqu’ils sont en situation de formateurs) de pratiquer le « hors les murs », d’où l’importance de sensibiliser encore les directions des lieux culturels à « laisser sortir » les médiateurs, car les faire sortir des structures culturelles leur permet d’aller à la rencontre, de découvrir différents milieux de vie pour ensuite inviter les personnes de ces différents milieux à venir dans le lieu culturel. Dans les formations elles-mêmes : apprendre à être en contact avec les publics, à parler, à rencontrer ;
– types de formation : la question de la temporalité est la difficulté majeure. Comment dégager des temps de formation pour les enseignants, les animateurs vacataires par exemple ? Comment dégager des temps pendant lesquels les différents acteurs sont disponibles (afin de permettre la formation croisée) ? Dans certains milieux (médicaux par exemple), les temps d’analyse de la pratique sont prévus. Il faudrait, dans les plannings de tous les encadrants, médiateurs et artistes, inscrire des temps de formation. Tous les types de formation peuvent être imaginés en mêlant si possible les propositions : formation dans les lieux et hors les murs, croisement des publics, des formateurs et des disciplines artistiques (musées, patrimoine, spectacle vivant…). Autres réflexions : questionner l’impact sur les personnes ayant participé aux formations ; se poser la question de l’évaluation ; capitaliser sur ce qui a été créé, sur les expériences.