« L’évaluation »
Mise en situation pratique via un atelier artistique en espace public
Opéra National de Lyon, 18 octobre 2022
Profils professionnels des participant·e·s
Chaque atelier a réuni une vingtaine de personnes : il s’agissait en majorité de personnes issues du secteur culturel (médiateurs ou médiatrices, chargé.e.s de relations avec les publics, programmateurs ou programmatrices, chargé.e.s de mission culture…) appartenant à des structures diverses (musées, bibliothèques, salles de spectacles, associations, etc.), auxquelles il faut ajouter des enseignant.e.s, des directeurs ou directrices de structures de formation liées au domaine culturel, et des étudiant.s. en master dans le domaine culturel.
Étaient aussi présents des artistes (sérigraphe, plasticien.ne, musicien.ne…), des représentants d’institutions relevant de l’Éducation nationale ou bien de la Préfecture, des animateurs de l’éducation populaire – dont certains en formation – et des personnes travaillant dans le secteur médico-social
Présentation de l’atelier
La question de l’évaluation arrive souvent a posteriori des projets, en marge. Parfois, elle est confondue avec la valorisation ou encore le bilan que chacun des acteurs impliqués fait de son côté, ou uniquement le porteur de projet.
Participer à un projet culturel, c’est construire un projet collectif, intégrer chacun ou chaque groupe dans un ensemble en créant des relations, en intégrant l’évaluation au sein de ce processus.
En partant des attentes et des présupposés de chacun, l’atelier a pour but de faire vivre une expérience sensible, individuelle, suivie d’une mise en commun, pour que chacun puisse ensuite faire ses retours, évalue ce moment vécu et partagé.
Animation
– Sarah Beaumont, chargée des relations avec les publics adultes et les associations, Théâtre des Célestins, Lyon
Intervenante
– Magali Chabroud – blÔffique théâtre
Déroulement de l’atelier
Séquence 1 – Afin de permettre à chacun de se présenter, la première demi-heure de l’atelier est consacrée à un moment « brise-glace », d’échanges en binôme. Les participants ont été invités à se mettre avec quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas déjà, puis à se présenter à travers un projet marquant qu’ils ont mené, mènent ou bien vont mener. Au moment du tour de table, chaque binôme présente, non pas lui-même, mais son acolyte (prénom, nom, fonction), en donnant une ou deux qualités qui lui semble être associées à la réussite du projet présenté et qui ressortent de la présentation (sans pour autant détailler aux autres le projet décrit).
En parallèle de ce temps d’échange en binôme, il a été remis à chacun un papier afin qu’il note un ou deux mots qui résument ou définissent l’évaluation, ce que cela représente. Cela a permis de construire des nuages de mots, avant que chacun ne soit influencé par l’atelier lui-même. L’objectif était de voir si, quand il s’agit de parler d’évaluation, un vocabulaire commun pouvait être dégagé (ou non !).
Séquence 2 (hors les murs) – Ensuite, nous sommes partis pour environ une heure d’atelier déambulatoire, avec Magali Chabroud (blÖffique théâtre). Avec sa compagnie, Magali travaille souvent à la création de formes participatives qui s’intègrent dans l’espace public et permettent à chacun de se l’approprier.
On sort de l’Opéra pour d’abord marcher, chacun a une feuille sur laquelle il peut noter ses impressions au fur et à mesure de l’expérience. Au premier arrêt, Magali propose à chacun de prendre un casque anti-bruit, puis de continuer la déambulation avec le casque sur les oreilles. Au deuxième arrêt, on partage ses premières sensations, ce que cela change ou non, si c’est apaisant, ce qui attire notre attention différemment…
On reprend la déambulation, puis au troisième arrêt, Magali donne à ceux qui le souhaitent un miroir, à installer par exemple à hauteur des yeux, pour avoir une tout autre vue de la ville et des alentours. Chacun est libre de parcourir en autonomie le quartier, de retourner à un endroit qui s’est détaché pendant cette déambulation pour observer les sensations et les émotions créées par la situation.
Une fois que nous sommes toutes et tous retourné.e.s en salle, nous faisons un retour à chaud du moment que nous avons vécu et nous comparons les sensations : autant d’expériences que de participants, « évaluer » ce court moment est finalement quelque chose de très personnel et cela questionne aussi la manière dont on recueille l’expérience de chacun.
Synthèse des deux demi-journées
L’idée de départ était de proposer aux participants quelque chose sans pour autant qu’ils connaissent exactement le cadre, les attentes et les objectifs : cela peut tout à fait être la position de participants qui sont amenés à s’inscrire dans un projet, de manière volontaire ou non. Vivre cette expérience avec Magali ouvre les perspectives, et chaque étape nous oblige à nous questionner sur l’expérience en cours.
Cette expérience collective est aussi une bonne façon d’ouvrir la discussion sur un socle commun, plutôt que de s’appuyer sur un projet présenté, qui resterait abstrait. En parler tout au long de l’atelier renforce le côté collectif, élargit et / ou questionne sa propre approche.
Avant d’entamer la discussion, Magali Chabroud présente un des projets artistiques sur lequel elle s’est appuyée pour construire cette proposition, La Ville s’écrit (plus d’informations ici). Pour Magali, en tant qu’artiste, l’évaluation est une question complexe. Son témoignage et celui des participants à l’atelier permettent de mettre le doigt sur le décalage qui existe parfois entre les attentes (des bilans, des chiffres, de la fréquentation, de la valorisation…) et une expérience qui se construit au fur et à mesure, parfois pas tout à fait en adéquation avec ce qu’on avait projeté.
Plusieurs critères sont souvent oubliés :
- ce que cela a apporté à chacun ;
- le sensible ;
- l’évolution ;
- ou encore l’inclusion de chaque acteur / partenaire aux différentes étapes du projet.
À l’issue des deux ateliers, deux phrases questionnant l’évaluation sont ressorties :
- « Évaluer, chemin faisant, pour évoluer, avec tous les acteurs impliqués » ;
- « Faire du processus d’évaluation, avec tous les acteurs, un outil d’échange, de dialogue, de valorisation et de persuasion et de transformation ».